I WANT TO BE A PART OF IT

Bonjour à toutes et tous, curieux de passage ou fidèles de la première heure.

Sentez vous libres de poster des commentaires en bas de chaque article, simple témoignage, critique, conseil.

En prime une petite sélection musicale pour accompagner la lecture, à écouter en mode aléatoire c'est plus sympa :


vendredi 30 août 2013

Road Trip : 25 juillet : En route vers Deadwood - Dakota du Sud

Le soleil est timide ce matin, ce qui n'entame pas notre bonne humeur. Le cap est fixé sur Deadwood, dans les Black Hills du Dakota du Sud, et les routes que nous allons emprunter pour y parvenir promettent de belles choses. 

Je retrouve avec plaisir le trio de futilités qui fait mon bonheur : voiture automatique, belles routes, gobelet de café bouillant. Bon là en l’occurrence le grand café à emporter que je me suis versé dans une station service s'apparente plus à de l'eau sucrée. Mais bon.




La route 71, dont nous avons déjà emprunté une portion l'avant veille pour aller dîner au fin fond des collines file plein Nord entre le Parc National Buffalo Gap et le Parc National Grassland. Il semble que la plupart des gens trouve ce paysage d'un ennui mortel. Cela peut se comprendre.

Pourtant je ressens l'exact contraire. Rarement un paysage, qu'il soit de montagne, de mer, de vallée, n'a exercé aussi grande fascination sur moi que les prairies et les plaines que nous traversons actuellement. J'aimerais tellement arrêter la voiture sur le bas-côté, enjamber les barbelés qui délimitent ces immenses prairies et marcher tout droit, toujours tout droit, l'azimut brutal.

La route 71 traverse Buffalo Gap et Grassland

C'est dans ces moments précis que je réalise la chance que j'ai d'avoir une femme comme Élodie à mes côtés. Elle sait exactement quand mon esprit vagabonde et prend grand soin de me laisser à mes rêveries, patiente et silencieuse, attendant tout simplement que mon cerveau se reconnecte à la réalité.

La route quitte peu à peu les grandes plaines pour les contreforts des Black Hills, couvertes de pins et de ponderosas. La curiosité nous fait gagner un ranch, au bas d'une vallée, dans lequel les chevaux Mustangs et Choctaw s'épanouissent en semi-liberté.

Le paysage commence à se faire un peu plus vallonné.

Après avoir déjeuné dans la ville de Hot Springs, nous rentrons dans le Parc National de Wind Cave, ne sachant pas trop à quoi nous attendre pour être honnêtes. Un tour au centre d'information nous fait comprendre que le site est réputé pour ses grottes, qui comptent parmi les plus longues et complexes du monde. Nous y apprenons également que nous allons très certainement croiser des animaux sauvages, dont une horde de bisons et...des chiens de prairies, nos potes !

Entrée du parc National de Wind Cave

Le temps étant au beau fixe, nous abandonnons l'idée de visiter les grottes. Je promets à Élodie de l'emmener visiter le gouffre de Padirac dès notre retour en France.

Wind Cave est un parc magnifique, peuplé d'animaux sauvages à peine troublés par la présence de l'homme. Et c'est bien ce qui frappe dans cet endroit, le sentiment que celui-ci appartient à la vie sauvage et que nous sommes les intrus, des gens de passage. Que si nous n'étions pas là, la vie du parc serait exactement la même. Voilà un pari réussi : permettre à l'homme d'admirer les beautés de la Nature sans trop la déranger.

Fallait quand même être plein comme une outre pour appeler ces animaux des chiens de prairie !


Au bout de quelques kilomètres nous quittons Wind Cave pour rentrer instantanément dans Custer State Park. Il n'y pas de différence entre ces deux parcs et c'est avec plaisir que nous continuons à nous en mettre plein les mirettes. La park Ranger nous indique sur un plan l'endroit où la horde de bisons a été localisée pour la dernière fois cet après-midi. En route.

Parc d'Etat de Custer

Après quelques miles, nous voilà obligés de ralentir, puis de freiner, avant d'être complètement immobilisés...Un embouteillage, une queue longue d'une cinquantaine de voiture, et aucune qui n'avance. Ah ben c'est bien la peine de quitter New York pour retomber dans des bouchons au milieu des montagnes ! Curieux de savoir ce qui peut bien mettre un tel merdier, nous arrivons à distinguer au loin quelques bisons, qui, à n'en pas douter ont pris leur quartier sur la route...


C'est à ce moment là que deux énormes bisons surgissent d'un bosquet à quelques mètres de la voiture, et à toute allure. Le bruit de leur sabot sur le sol est impressionnant, et pourtant, ils ne sont que deux. Ils foncent vers nous, puis en un mouvement plein de soupleté et d'agilesse finissent par passer derrière la voiture, prenant soin de ne pas l'effleurer. Heureusement d'ailleurs, je me serai assez mal vu expliquer à un assureur qu'un bison nous a refait la calandre arrière, comme ça, en plein après-midi, parce qu'on se trouvait sur sa trajectoire.

Cet épisode a pour effet de faire rentrer illico presto dans leur véhicule tous les petits malins qui s'étaient aventuré dehors, agacés par les embouteillages. Relax grand, c'est les vacances, et ici, ce n'est pas toi qui commande, tu viens d'en avoir la preuve.

Horde de bisons, Custer SP.

Au bout d'une vingtaine de minutes, un ranger remonte la file de voiture et se gare au milieu de la horde, armé d'un fusil, afin d'assurer sa sécurité. On le distingue mal de là où nous sommes mais on l'entend beugler aussi fort que les bisons. On se dit qu'il faut être con pour brailler comme ça sur un animal...

Après plusieurs minutes à avancer à la vitesse d'un escargot neurasthénique, nous approchons du ranger en question, et finissons par comprendre la raison de ses hurlements : Il ne s'adresse pas aux bisons, qu'il surveille tout de même du coin de l’œil, mais aux automobilistes un peu timides qui n'osent pas avancer et prendre la priorité. Et c'est bien cela qui met le foutoir, les voitures laissent traverser les bisons au lieu de s'imposer.

Le trafic s'accélère un peu, et c'est maintenant à notre tour de passer au milieu de la horde, dont nous prenons seulement conscience de la taille. Il doit y avoir une centaine de bisons. Nous avançons prudemment, le ranger ne nous crie pas dessus, c'est qu'on doit bien se débrouiller.
Soudain un mâle énorme surgit à notre gauche.

Le bison mâle en question, à quelques pas de nous...

La bête s'est mis en tête de faire traverser ses petits qui longent la voiture, à portée de main. Le mâle nous regarde et se met à beugler, la gueule pleine de bave. Ok l'ami, on laisse passer les petits, pas de soucis, mais si le ranger gueule, on dira que c'est de ta faute.

Les bisonneaux passent devant nous afin de rejoindre leur mère. Le mâle quant à lui décide de rester sur notre gauche, le sentiment du devoir accompli. Nous redémarrons et il se remet à beugler en nous regardant, ce que nous prenons pour un merci, avant de filer tout droit.

De rien l'ami !

Nous venons de vivre un moment intense, et sommes heureux. Cet animal est d'une puissance et d'une allure incroyable. Pas étonnant que les indiens le respectaient tant. Tous deux auront connus le même sort tragique, scellé par les Pieds tendres.

Peu après la sortie du parc, nous nous décidons à emprunter la Iron Mountain Road, une très belle route qui sillonne et zigzague cette partie des Black Hills, alternant lacets, tunnels et ponts.
Nous arrivons finalement à Deadwood, peu avant le coucher de soleil. L'hôtel que nous avons réservé est un 1 étoile, mais jouit d'une excellente réputation. Et nous ne sommes pas déçus. L'accueil est chaleureux, les chambres spacieuses et l'hôtel bénéficie d'une piscine et de son propre casino.

La journée a été longue mais nous sommes encore en forme. Suffisamment pour aller jeter un premier coup d’œil en centre ville. L'hôtel propose un service de dépose, en trolley, moyennant 1$ par personne. Que demander de plus ?

Au bout de quelques minutes, nous arrivons dans la rue principale, bordée de casinos, de restaurants, de bars et de magasins de souvenirs. Les bâtiments d'époque sont très bien entretenus et c'est un vrai plaisir de déambuler au sons des machines à sous et des groupes qui jouent en direct dans les bars. Nous repérons un restaurant à la carte attrayante.
Tout de même, le centre-ville est bien calme. Nous interrogeons le serveur à ce sujet qui nous informe que ce soir, c'est rodéo et que toute la ville y est. Il y aura plus d'animation demain soir. Ça tombe bien, nous comptions revenir...

mercredi 28 août 2013

Road Trip : 24 juillet - Wounded Knee - Dakota du Sud

Cette deuxième nuit au Best Western de Chadron est en tout point semblable à la première, c'est à dire pourrie. La veille nous avons pris la précaution d'annuler notre troisième et dernière nuit dans ce Best Western afin de migrer vers Fort Robinson. Nous verrons si ce choix est judicieux. 

Nous ne sommes pas loin du Dakota du Sud, et en profitons pour nous rendre, au son de la voix parfois chevrotante de Buffy Sainte Marie, dans la réserve indienne de Pine Ridge. 


Buffy Sainte Marie est une artiste canadienne, d'origine Cree. Sa voix et celle de ses choristes,  tellement puissantes et plaintives, me tordent littéralement les boyaux et m'arrachent les larmes, tant celles ci semblent empruntes des décennies de souffrance de tout un peuple. 
Voilà que je fais mon Manoukian...


La réserve indienne de Pine Ridge abrite le site de "Wounded Knee". De ce lieu symbolique, Élodie et moi ne connaissons que peu de choses. Et au bout du compte, il est des vérités certes bonnes à connaître mais qui laissent perplexe quant à la santé mentale du genre humain.

Carte de ce que représentait la réserve sioux en 1868, ici délimitée en rose. A force de non respect des traités signés, les hommes blancs ont récupéré par la force les territoires jaunes et hachurés, pour ne laisser aujourd'hui aux Natives que les territoires magentas.


1890, Dakota du Sud. Le gouvernement des États-Unis rompt un traité passé quelques années auparavant avec les indiens Lakotas et décide des les parquer dans des réserves. Le mot Honneur devait signifier bien peu de choses à l'époque, en tout cas vu de Washington. Les Lakotas, peuple nomade vivant au rythme des saisons et des migrations de troupeaux de bisons est prié de se sédentariser. Ben voyons.
La colère monte, le chef Sitting Bull est tué.

Un groupe de Lakotas décide de s'enfuir, finalement rattrapé à proximité de la crique de Wounded Knee où hommes, femmes et enfants passeront la nuit sous l’œil du 7ème régiment de cavalerie américaine, alors mené par le colonel Forsyth qui, peu de temps auparavant, a reçu l'ordre de désarmer les prisonniers avant de les transférer dans un camp militaire à Omaha, à l'extrémité Est du Nebraska, loin de leurs terres sacrées.

En pleine manœuvre de désarmement, un coup de feu éclate provoquant aussitôt une fusillade. La cavalerie tire dans le tas, appuyée par des tirs de canon Hotchkiss, décimant sans distinction femmes, enfants, et même propres membres de la cavalerie américaine. Le bilan est sans appel : 146 indiens tués. Chiffre réévalué dernièrement entre 300 et 350 par l'armée américaine, du bout des lèvres. 

Pour cette action innommable, 20 médailles d'honneur sont attribuées à des membres du 7ème régiment de cavalerie, pour leur conduite durant le massacre. A vomir partout ! 
Car il s'agit bien d'un massacre, et même d'un règlement de comptes : 14 ans auparavant, ce même régiment, alors sous les ordres de Custer, avait été décimé par les Sioux à la bataille de Little Bighorn. Il semble finalement que les américains connaissaient le sens du mot Honneur...pour peu que celui-ci autorise la vengeance. 


Tombe, sur le site du massacre de Wounded Knee, Dakota du Sud

Voici ce que nous apprenons au fil de notre avancée dans la réserve de Pine Ridge, et au hasard d'une conversation avec une indienne Lakota d'un certain âge. Les manuels d'histoire ne s'attardent pas sur le sujet. De son aveu même, beaucoup d'indiens sont encore haineux de la façon dont l'Homme blanc s'est joué d'eux. Comment les blâmer ?
Une chose est certaine nous confie-t-elle : "Les blancs nous ont tout pris, sauf notre fierté".

Notre route nous mène à la ville de Pine Ridge où nous ne trouvons que le Pizza Hut pour combler nos estomacs. La ville respire la pauvreté. Le taux de chômage dans la réserve est de 95%. Je n'arrive pas à savoir s'ils se contentent des aides attribuées par l’État, qui voit içi une bien pratique façon de faire amande honorable, ou s'ils ont perdu le goût de vivre. Un jeune serveur arbore sur son avant bras gauche le mot "fierté". Ce sentiment, chez les indiens Lakotas, semble se transmettre au fil des générations, et c'est rassurant.

La route du retour laisse défiler des prairies à pertes de vue, dans lesquelles quelques bovins se nourrissent. Une vache s'est échappée d'un enclos. Son propriétaire, juché sur un quad, l'escorte afin de la ramener en lieu sûr, des fois que l'envie suicidaire de traverser la route lui effleure l'esprit.

Notre arrivée à Fort Robinson se fait sous la pluie.



Les quelques heures de trajet que l'on vient d'effectuer depuis Wounded Knee n'ont pas dissipées le sentiment d'injustice et de gâchis que je ressens quand je pense au traitement infligé par les colons aux peuples qui vivaient ici bien avant nous. S'il n'y avait qu'ici...mais à bien y réfléchir, l'européen a quand même bien foutu la zone partout où il est passé, sous couvert d'avarice, d'évangélisation et d'universalisation.

"Sous ce porche sont passés les meilleurs cavaliers du monde". Voilà peu ou proue ce que l'on peut lire sur la pancarte qui signale l'entrée du bâtiment qui abritait à l'époque les engagés du 9ème régiment de cavalerie. Ben voyons. Encore un domaine dans lequel ils sont champions du monde, faisant abstraction en l’occurrence des cavaliers berbères, mongols, ottomans...

Fort Robinson - Ancien casernement

Ce bâtiment sert de nos jours à abriter les touristes de passages.
Nous prenons soudain conscience qu'après une matinée à Wounded Knee, passer la nuit dans un bâtiment qui abritait à l'époque les confrères de ceux ayant exterminé femmes et enfants Lakotas il y a un peu plus de cent ans a quelque chose d'absurde. En accord avec nous même, nous aurions du passer la nuit sous un tipi. Niveau symbolique, on est carrément à côté de la plaque.

L'après-midi est déjà bien avancée, il tombe un léger crachin, et nous faisons une croix sur la ballade à cheval et la descente de rivière en canoé. Nous nous rabattons sur le tour en Jeep, et cela tombe très bien, nous sommes les seuls clients. L'instant romantique de la journée.

Tour en Jeep dans Fort Robinson State Park, Nebraska


Les vues sont imprenables, même si ici comme à Chadron, les collines boisées ont subit quelques incendies dont elles se remettent petit à petit. Notre guide est sympathique, un peu blasé par son métier tout de même. C'est sûr que conduire des touristes en Jeep après 6 ans chez les Marines, dont 9 mois en Afghanistan, a quelque chose de reposant, mais de routinier.

Vue sur les plaines du Nebraska


Après lui avoir avoué que notre visite à Wounded Knee nous a pas mal secoué, il nous déclare, sans réelle fierté, qu'il possède 1/4 de sang Cheyenne. Faut bien chercher tout de même car il est blond aux yeux bleus. Il ne comprend pas que certains indiens n'ont pas encore enterré la hache de guerre, et sont toujours amers et défiants vis-à-vis de l'Homme blanc. Un jour, garé sur le parking d'une station essence située dans une réserve indienne, sa voiture a été brûlée. "Je ne suis pas responsable des actes de mes ancêtres". Il a raison. Pourtant...

dimanche 25 août 2013

Road Trip : 23 juillet - Nebraska

Ah les gorés !!!!
Non seulement les hôtels américains sont dépourvus de volets et certains également de rideaux occultant, mais en plus la clientèle a la fâcheuse tendance à se croire à la maison et à parler dans le couloir comme en plein jour. Certains claquent les portes car les retenir semble au dessus de leur force. Il est 6h30 du matin, mon rythme cardiaque passe au dessus de 100 pulsations. 

On est en vacances, je relativise. Elodie ne semble pas plus énervée que cela, ce qui m'aide à relativiser encore un peu. 

Nous consacrons notre matinée à une ballade dans le Parc d’État de Chadron, dans lequel, malheureusement, beaucoup d'arbres et notamment les pins Ponderosa ont cramés lors d'incendies.

Parc d'Etat de Chadron, Nebraska

Ceux qui ont survécu meurent à petit feu à cause d'un insecte nuisible qui sévit dans tout l'Ouest des États-Unis ainsi qu'au Mexique et au Canada.
Ce désagrément ne suffit pas à entamer notre envie de jouer aux éclaireurs cheyennes, envie qui soudain, après presque une heure de marche s'envole, suite à un grognement suspect dans les herbes folles. Je ne pense pas qu'il y ait d'ours dans le coin, mais deux précautions valant mieux qu'une, nous entamons un demi-tour en douceur. On veut bien joueur aux éclaireurs mais pas au trappeur, d'autant que nous ne sommes qu'au début du séjour.

Étrangement, le retour est plus rapide que l'aller.

Parc d'Etat de Chadron, Nebraska


Nous mettons ensuite le cap sur le Parc d’État de Fort Robinson, la raison principale de notre road-trip dans le Midwest et sur lequel tout notre trajet s'est articulé.

Parc d'Etat de Fort Robinson, Nebraska


Fort Robinson est un ancien camp militaire, haut lieu de la cavalerie américaine.
C'est également ici que le célèbre Crazy Horse est décédé de ses blessures après avoir tenté de résister à son emprisonnement, et que trois années plus tard, en 1879, un groupe de Cheyennes va réussir une incroyable évasion, dont John Ford témoignera dans son dernier western "Les Cheyennes".

Bâtiment duquel se sont échappés les Cheyennes.

Mais l'objet principal de notre visite sur ces terres est que mon grand-père y a passé quatre années de sa vie, il y a de cela environ 70 ans. 
En pleine seconde guerre mondiale, un camp de prisonniers de guerre a été construit à proximité de Fort Robinson, dans lequel était enfermés principalement les soldats de l'Afrikakorps, dont mon grand-père, "malgré nous" lorrain.

C'est donc avec une vive émotion que nous foulons l'herbe du camp, dont les bâtiments ont été rasés et dont il ne reste plus que deux ou trois fondations par ci par là.
Malgré tout, le terrain est entretenu et les quelques vestiges des baraquements sont identifiés par un plan. Je mitraille. A peu près sous tous les angles possibles et imaginables. Comme il n'y a plus de bâtiments, je filme le panorama, la vue que, peut être, il avait de son lit en fer, où le paysage qu'il voyait chaque matin quand il partait pour les champs où il était employé...
Je n'ai qu'une idée en tête, montrer à mon grand-père ce qu'est devenu l'endroit dans lequel il a passé une partie de sa jeunesse et dont la simple évocation éveille encore tant de souvenirs, certains douloureux, d'autres moins. Car l'armée américaine a eût le bon sens, à l'époque, d'appliquer les accords de Genève. Les prisonniers allemands étaient bien traités et faisaient preuve de camaraderie, qui se manifestait la plupart du temps au coin d'un feu dans lequel les flammes dansaient au son de l'harmonica de mon "papy".  

Vestige du camp de prisonniers allemands de Fort Robinson, Nebraska

Porte arrière du camp de prisonniers allemands de Fort Robinson, Nebraska


Tant d'émotions m'ont ouvert l'appétit, le Big Mac de ce midi est déjà un lointain souvenir. Nous décidons d'aller dîner au High Plains Homestead, lieu dans lequel nous avions réservé une chambre pour 3 nuits, avant que la gérante ne s’aperçoive qu'elle avait fait une erreur de registre et n'annule notre réservation. Elle semblait sincèrement désolée, son mari Mike aussi, alors on leur accorde une chance et décidons d'aller manger chez eux, à une heure de route d'ici, au fin fond de l'Oglala National Grassland.

Après vingt minutes de route goudronnée, nous attaquons notre première "route de conté" et avec elle surgit notre regret de ne pas avoir loué un 4x4...

Une route de conté, Nebraska


Les routes de conté sont dans le Midwest l'équivalent des chemins vicinaux en France : de la terre, des graviers, de la boue, bref l'éclate total en Jeep Willis mais pas en Huyndaï compact blanche !

Un bien mince désagrément en contrepartie des paysages sublimes que cette route nous fait emprunter. Quarante minutes à serpenter entre les Sand Hills, les prairies, croisant par là des biches, par ici une chouette, ou un hibou va savoir, avant d'arriver dans ce hameau tant convoité.

Dans les Sand Hills, il n'y a pas que les vaches qui regardent passer les trains.

L'endroit est incroyable, hors du temps. Les propriétaires, que nous avons appelé quelques heures avant notre arrivée pour réserver deux repas, nous identifient tout de suite et nous accueillent chaleureusement, avant de s'excuser platement encore une fois pour l'erreur de réservation, pour finalement me balancer une grande claque dans le dos qui manque de peu de me déboiter l'épaule gauche. 
La bière est fraîche, la nourriture est bonne : poulet-patate au four, un classique que l'on va retrouver très très souvent durant ces trois semaines.

Le saloon du High Plains Homestead, Nebraska

Le jour décline lentement, et le soleil ne va pas tarder à se coucher. Nous en profitons pour faire des photos du coin, avant de remonter en voiture et reprendre la route de l'hôtel. Le chemin du retour est encore plus beau qu'à l'aller, tant les couchers de soleil habillent si bien ces plaines immenses.

Coucher de soleil sur les Sand Hills

La pénombre s'installe, nous croisons quelques biches, dont hélas une a du faire la rapide connaissance d'un camion. Je lève le pied et règle les pleins phares, une collision avec une biche n'a pas le même effet avec un semi-remorque qu'avec une voiture coréenne. Prudence.



mercredi 21 août 2013

Road Trip : 22 juillet - Nebraska

Ce matin on se fait un petit plaisir en s'achetant des Donuts faits maison au "Donuts Haus" d'Estes Park, sans comparaison avec ceux tout rassis de la chaîne Dunkin Donuts.
Le chocolat chaud d'Elo est dans son porte gobelet, le grand café dans le mien. Nous voilà parés à avaler les 5 heures de route qui nous séparent de Chadron, Nebraska.

Nous empruntons la Route 34 Est, qui suit la Big Thompson River au fond d'un canyon en traversant la Roosevelt National Forest, et agrémentons notre parcours de quelques achats de produits locaux dans les boutiques qui fleurissent en bord de route.




Quelques kilomètres plus loin, l'autoroute, comme partout à travers le monde, se révèle bien plus monotone. Nous pénétrons dans l’État du Wyoming, du côté de Cheyenne, bien connu des conoisseurs de Wild Bill Hicock, et le quittons très rapidement en bifurquant à droite vers le Sud Ouest du Nebraska.


Après s'être goinfré d'un hotdog au chili dans une chaîne de restaurant qui propose tout ce que l'Amérique fait de plus gras en matière culinaire, et avoir goûté à regret la fameuse Root Beer que les yankees affectionnent tant, nous reprenons la route en direction du Nord et la ville de Scottsbluff.




Cette ville ne présente pas d'intérêt majeur, si ce n'est qu'elle est située sur l'Oregon Trail, chemin qu'empruntaient les américains dans leur migration vers l'Ouest et l’État de l'Oregon, en convoi de chariots tirés par des bœufs.


Le site est magnifique, mais hélas, faute de temps nous ne pourrons effectuer la randonnée qui permet d'atteindre le haut de la formation rocheuse. C'est à cet endroit précis que je me balance mon premier "faudra revenir" des vacances. Ce ne sera pas le dernier.

Scottsbluff National Monument

Le GPS nous invite à emprunter une route qui nous ferait arriver rapidement à Chadron, où nous devons passer la nuit. Les quelques guides lus avant de partir nous font aller à l'encontre du TomTom, que nous nous empressons d'éteindre avant qu'il ne s'énerve ou joue les susceptibles.
Notre but est d'emprunter la route 29 qui s'étire sur une centaine de kilomètres entre Mitchell et Harrison, choix dont au bout de quelques kilomètres nous nous félicitons.

Nous y voilà, enfin, depuis le temps qu'on en avait besoin, des prairies à perte de vue, foulées par des troupeaux de bovins et balayées par les vents. La route est rectiligne et déserte. Nous roulons à faible allure, les fenêtres ouvertes, nous arrêtons plusieurs fois sur le bas coté afin de prendre quelques clichés, respirer l'air pur, écouter le vent des plaines et le chant des criquets. Ça fait un bien fou de pouvoir laisser son regard s'évader à perte de vue sans que celui ci soit entravé par un building de 50 étages.


Notre traversée d'Harrison, 251 habitants et plus grande ville du conté de Sioux, nous offre un bon aperçu des villages fantômes que nous allons croiser tout au long de ces 3 semaines de route.

Nous obliquons sur la route US20, chère à Jim Harrison, par laquelle nous traversons Fort Robinson, Crawford, pour enfin arriver à Chadron où nous prenons nos quartiers à l'hôtel Best Western. La chambre n'est pas à la hauteur de nos espérances, la clim dégage une odeur infecte. Nous sommes bien loin du confort offert par le chalet à Estes Park.



Le restaurant jouxtant l'hôtel ne proposant rien d'excitant, nous nous mettons en quête d'un endroit où remplir nos estomacs et étancher notre soif. Ce qui se révèle plus difficile que prévu car les restaurants du coin ferment à 20h00...

On finit tout de même par trouver un endroit sympathique, le restaurant "Helen's", qui ferme 30 minutes après ses concurrents et où la serveuse nous explique qu'à Chadron la ville vit au rythme des agriculteurs. Les restaurants, bars, cafés, ouvrent à 5h00 du mat' et font le plein de travailleurs de plein air venus se donner du courage en sifflant un café accompagné d'un coup de gnaule. Voilà une coutume bien universelle. S'ensuit une journée plus calme jusqu'à 18h00 et l'heure du dîner, deuxième affluence de la journée, pour finalement fermer avant 21h00 alors que tout le monde a regagné sa maison.

Nous n'avons rien vu venir.
Durant l'heure passée dans le restaurant le ciel s'est obscurcit, et le vent s'est levé, agglutinant les nuages en formes menaçantes et chargées d'éclairs. La foudre s’abat au loin. Premier orage des vacances, un orage sec, accompagné d'une simple brise chaude.

Trop contents de l'aubaine, Élodie et moi nous transformons en chasseurs d'éclairs, sous le regard amusé ou interrogateur des locaux, qui se demandent de quelle planète nous descendons pour rester ainsi sous l'orage à filmer et prendre des photos.



La carte SD remplie de clichés, nous regagnons notre palace avec le sentiment du travail bien fait.
Le tonnerre continue de gronder une bonne partie de la nuit et les éclairs d'illuminer notre chambre à travers les rideaux. Le sommeil promet d'être agité.


dimanche 18 août 2013

Road Trip : 20 et 21 juillet - Colorado

Ah l'avion. Ce n'est décidément pas mon moyen de locomotion favori, et heureusement qu’Élodie est là pour me rassurer lors des phases de décollage et d'atterrissage.

Après un peu plus de 4 heures de vol, nous voici à Denver. Montres reculées de 2 heures, récupération de bagages, puis direction le loueur de voiture où l'employé, au demeurant très sympathique, essaye gentiment de nous refourguer des assurances complémentaires et un modèle de voiture supérieur, nous assurant qu'en modèle compact, on va galérer sur les routes de montagnes. T'inquiète mon mignon ! on est là pour flâner et pas pour jouer à "Sébastien Loeb en vacances dans le Colorado".

Après avoir fait le tour des véhicules disponibles, nous optons pour une Huyndaï Elantra blanche.



Cette fois ci, nous ne roulerons pas en voiture américaine, les quelques Chrysler disponibles affichent pas mal de kilomètres au compteur et arborent de magnifiques éraflures sur la carrosserie qu'un esprit malhonnête pourraient nous attribuer lors de la restitution. L'Elantra sent encore le neuf et n'a vécu que 600 kilomètres. Le choix est donc vite fait.

Estes Park, au pied du parc national des Montagnes Rocheuses et première étape de notre road trip, n'est qu'à 1h30 de route de Denver, route sur laquelle nous sommes étonnés de voir autant de cyclistes.



C'est une ville très agréable, à la rue principale vivante, et traversée par la rivière "Big Thompson". Nous avons réservé deux nuits dans un chalet en bois au Rockmount Cottage, qui surplombe la rivière. Très bon choix. Les proprios sont sympas, le chalet joliment décoré et surtout...quel calme !


 


L'après-midi est déjà bien entamée. Nous décidons donc d'arpenter la rue principale d'Estes Park, jalonnée de magasins de souvenirs, de boutiques d'art et de restaurants. Nous sommes samedi, il y a foule. Après avoir avalé vite fait bien fait un sandwich, nous rentrons au chalet. 

5h00 du matin, je décide de me lever en même temps que le soleil afin de faire des photos. J'ai dans l'idée que plus le séjour va avancer moins j'aurai le courage de me lever si tôt. Ce qui va se démontrer.

Entrée de service du Rockmount Cottage

Big Thompson River - pose longue


Après 2 heures d'errance et d'essais photographiques, je rentre au bercail, Elodie vient de se réveiller et n'avait même pas remarqué mon absence. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre...

Comme nous ne sommes là que pour deux jours, nous n'avons rien acheté pour prendre le petit déjeuner et nous dirigeons vers le Starbucks repéré hier, pour une dose de jus de chaussette et de chocolat chaud à la crème fouettée, accompagnés de tranches de cake.

Sur la route du retour, un cerf et une biche paissent gentiment au bord de la route, proches des habitations, ce qui n'a pas l'air d'émouvoir le moins du monde les autochtones, au contraire de nous qui arrêtons la voiture pour mitrailler les premiers d'une longue série d'animaux que nous rencontrerons tout au long de notre périple.



Après une matinée glandouille, notre après-midi est consacrée à la randonnée dans le magnifique "parc des Montagnes Rocheuses".

Manifestement, nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi de marcher autour du Bear Lake (lac de l'Ours) car tout le monde semble y converger. De fait, les navettes du parc libèrent leurs flots de touristes au pied du lac, dont le tour nous prend approximativement 20 minutes. Élodie et moi sommes les seuls hurluberlus habillés en tenue de randonnée, et faisons tâche au milieu de la panoplie du parfait touriste américain : jean-tongues-rayban-iphone. Changeons de coin avant que la moutarde ne me monte au nez. 

Nous optons pour une marche un peu plus longue qui doit nous permettre de voir des chutes d'eau.



Le sentier est moins fréquenté, ce qui ne nous empêche pas de tomber sur un groupe de zouaves qui a décidé d'attaquer le sentier en jean Diesel, tshirt Abercombrie et tongues brésiliennes. Je m'arrêterais bien pour leur expliquer qu'à chaque situation sa tenue et qu'attaquer la montagne fringué en citadin est tout aussi dénué de sens que d'aller nager le crawl à la piscine municipale en combinaison de cosmonaute. Passons, pas de violence, c'est les vacances. 

Les quelques kilomètres d’ascension valent l'effort et c'est avec soulagement que nous atteignons les chutes d'eau, et la vue sur la vallée.



Notre regard est soudain attiré par un chimpmunk, là au milieu du chemin, dressé sur ses pattes arrières, fier comme un bar-tabac.
Nous nous approchons tout doucement avant que celui-ci file à toute vitesse se planquer entre les rochers, aussi furtif qu'un pet de lapin sur une plaque de verglas !
A bien y regarder, il n'est pas le seul représentant de son espèce. Une dizaine de ses congénères quadrille le terrain, attendant que les marcheurs de passage leur donnent quelques fantaisies à grignoter, tendant les bras vers eux comme pour les supplier.
Ils semblent avoir perdu leur instinct sauvage et je me demande bien comment ils font pour se nourrir en dehors des semaines d'affluence de touristes.
Un de ces sympathique rongeur vient d'entamer un paquet de gâteaux apéros laissé sur le chemin, il s'en foure plein les joues...A quelques centimètres de son festin trône une pomme à peine entamée. Il n'y prête même pas attention. Triste résultat d'un tourisme de masse par lequel l'Homme parvient à rendre obèse des animaux sauvages. Vive l'Amérique.



Mine de rien, nous avons pas mal crapahuter cet après-midi, il est temps de reprendre des forces. Nous optons pour un restaurant un peu à l'écart de la rue principale dans lequel il n'y a pas grand monde, ce que l'on peut interpréter de deux manières : soit la nourriture est mauvaise, soit le restaurant est quelques mètres trop loin de la zone d'activités. D'humeur optimiste ce soir, nous poussons les portes du restaurant. Bingo !

Ce qu'il y a de bien après avoir accompli un effort c'est qu'on redécouvre des plaisirs simples. Comme celui de boire une bière locale bien fraîche, et de déguster une truite de rivière accompagnée de légumes croquants. On dira ce que l'on voudra, un bon dîner fait oublier les désagréments de la journée. 

Demain, nous quittons le Colorado, direction le Nebraska.


samedi 3 août 2013

Etat du Kansas



 
Après quelques jours en Iowa, nous avons repiqué vers l'Ouest, direction le Nebraska (et oui encore une fois) puis le Sud, vers le Kansas et ses champs de blé. 

D'une forme quasiment rectangulaire, le Kansas est situé au centre géographique des Etats-Unis, à mi-chemin entre l'Atlantique et le Pacifique. A l'instar du Nebraska et de l'Iowa, le Kansas ne tire pas sa richesse du tourisme mais du pétrole et de l'agriculture. Son paysage est relativement plat, sauf à son extrémité Ouest où les contreforts des Rocheuses culminent à 1000 mètres d'altitude.


Emblèmes : 

  • Surnom : L'Etat du Tournesol. Ca promet de belles photos.
  • La devise : "Jusqu'aux étoiles, par des sentiers ardus". Certainement une des plus belles devises des États-Unis. 
  • L'arbre : Le peuplier de Virginie.
  •  L'oiseau : La Sturnelle de l'Ouest

Culture :

  • Les Natives : Les Kaw, issus du peuple Sioux. Leur autre nom, Kansa, qui a donné son nom à l'Etat signifie "Le peuple du vent du Sud". 
  • Une œuvre littéraire :  Une petite fille et son chien, une tornade, des souliers rouges, un homme de fer, un lion, un épouvantail, une vilaine sorcière et un magicien...vous répondez : Le magicien d'Oz. Ce roman écrit par L.Frank Baum en 1900 est un classique de la littérature enfantine. On se souvient plus aisément du film musical de Victor Fleming avec Judy Garland qui pense qu'il y a quelque chose quelque part au delà de l'arc-en-ciel. Les trentenaires se souviennent aussi peut être du dessin animé. 

  • Une musique : Ils se sont pas trop décarcassés les membres du groupe Kansas pour trouver leur nom ! Ils auraient pu fouiller un peu quand même. Heureusement, pour ce qui est de leurs chansons, les gars se sont montrés bien plus originaux. Je n'ai pas mis le clip officiel du groupe, préférant cette vidéo amateur, tournée en 1977, bien plus évocatrice et originale.

  • Un film : "De sang froid" de Richard Brooks, sorti en 1967. Le film est adapté du roman de Truman Capote publié en 1966 (Truman Capote qui cela dit en passant est un ami d'Harper Lee, auteur du merveilleux "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur". Au cas où vous ne l'auriez pas encore lu). Le roman, et donc le film, tourné en noir et blanc, relate le meurtre sanglant d'une famille de fermiers d'Holcomb, à l'ouest du Kansas. Un acte délibéré, inexplicable, résultat d'une rencontre entre deux types paumés qui engendre un troisième être immonde.

  • Un art : Celui de Gordon Parks, touche à tout afro américain né en 1912 dans le Kansas. Parks, militant noir, débute une carrière de photographe de mode et de people, puis se lance dans l'écriture de scénarios, de musiques. On lui doit notamment le film "Shaft, les nuits rouges de Harlem". Avant de s'éteindre en 2006, l'artiste avait fait une apparition dans le remake de John Singleton.
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